A force de vous lire, j'ai fini par avoir envie d'ajouter mon grain sel à vos échange d'idées.
Mais d'abord, tradition oblige, les présentations. Amoureux des chiens depuis toujours, je suis venu à l'éducation canine avec une femelle Boxer qui avait des problèmes de sociabilité. C'est avec elle que j'ai pris goût à ce hobby. J'ai ensuite récupéré un briard mâle pour lui éviter l'euthanasie (à 18 mois le chien avait déjà eu 3 propriétaires, pas commode non plus le coco). Je suis maintenant adepte du Malinois. Ce sont des chiens formidables, d'une disponibilité sans pareille.
Conducteur de chiens de concours depuis maintenant 18 ans (4b), éducateur canin breveté, en obéissance depuis 14 ans et récemment en agility. J'ai également fréquenté les terrains de ring pendant 4 ans. Au club, je fais partie d'une équipe de 4 moniteurs dévoués dont je suis responsable.
Maintenant parlons de nos petits trucs, à nous. Volontairement, je ne donne pas de nom de méthode, comme ça les uns et les autres ne sont pas distraits (Cf. l'histoire des D

En physique, il y a longtemps, on apprenait: "un émetteur émet un signal à destination d'un récepteur. Pour être porteur, le signal doit être connu du récepteur et avoir le même sens pour l'émetteur et le récepteur. De cette manière, le récepteur réagit de la manière voulue et prévisible". Ce qui appliqué au domaine qui nous intéresse donne quelques chose du genre: Un conducteur donne un ordre à son chien. Pour pouvoir être exécuté, l'ordre doit être connu du chien et avoir le même sens pour le conducteur et son chien. De cette manière, le chien réagit de la manière voulue et prévisible, il exécute l'ordre.
Pourquoi exécute t'il l'ordre? Pas parce qu'il comprend ou qu'il l'interprète (le chien n'est pas doué de réflexion), mais uniquement parce qu'il en a pris l'habitude, pour nous faire plaisir, et surtout si possible pour se faire plaisir (OK pour l'opportunisme). L'éducation,
l'entraînement, le dressage, l'expérience (on appelle ça comme ont veut, le but recherché est le même et le terme ne désigne pas la méthode) que nous lui avons donné à créé chez lui les réactions désirées à nos ordres.
C'est la mécanisation (sans le côté péjoratif), mais je préfère parler de
"Réflexe conditionné".
Et maintenant, je vous vois venir...comment appliquer ça? Ben voilà, je vous explique.
Nous organisons la formation de "nos chiens" d'obéissance (entendez, les compagnons à 4 pattes des membres qui s'entraînent au club) de la manière suivante:
* Une phase d'apprentissage:
C'est la plus importante, et c'est la seule que je développerai. C'est à ce stade que l'on crée les réflexes conditionnés. Autant que possible avec des chiots, le plus souvent avec des jeunes chiens.
Sous le terme jeunes chiens, on entend les jeunes par l'âge et ceux par le nombre d'heures de d'entraînement (de travail, d'éducation, de formation, de dressage, ...). Les infrastructures et le nombre de chiots participants ne permet pas toujours de faire des classes chiots.
Comment créer les réflexes conditionnés? A l'usure!!! C'est à dire par répétitions. Le nombre de répétitions nécessaires pour créer un réflexe conditionné (également appelé par d'autres "Comportement acquis") sera fonction de l'attention du chien lors de l'émission du signal, de la clareté du signal, de la clareté des explications, des dispositions de
l'animal à comprendre les explications, de la motivation qu'aura le chien
à répéter le mouvement, l'attitude voulue.
* Attention:
Pour avoir un espoir que le chien entende l'ordre, il faut que le chien soit attentif. Nous ne sommes pas très innovants sur ce point, mais nous recommandons l'emplois d'un commandement d'attention, toujours le même (Ex.: nom du chien) qui attire l'attention du chien sur le maître. Mieux ce commandement d'attention sera acquis et exécuté, plus
grande sera l'attention. L'apprentissage de ce commandement d'attention se fait par renforcement positif. L'élément renforçant, dépendant d'un chien à l'autre (jeux, caresse, friandise, sonnette), doit bien sur être adapté a chaque tempérament de chien, mais également aux circonstances et aux dispositions de chaque conducteur (on ne peut pas demander à un vieux monsieur introverti de partir en courant, en sautant et en criant sa joie).
Note pour les septiques: c'est évident qu'avec un chien hyper sensible, qui ne mange pas, qui ne joue pas, et qui n'aime pas les caresses, c'est plus long. Ca doit être dur la vie pour lui. Ceci dit, même un chien qui n'est pas gourmand mange volontiers si ce qui lui est proposé est suffisamment appétant, qui plus est s'il a un peu faim.
C'est souvent juste un petit problème d'organisation des repas.
* Clareté du signal:
Un seul ordre pour une seule réaction du chien (en évitant si possible les ordres de plus de 2 syllabes). Le chien dispose d'un certain nombre de cases (d'une centaine à plus de 300 selon les races et les individus) dans lesquelles il peut classer et associer des ordres avec des comportements. Dire alternativement "Viens", "Au pied" ou "Suit" revient, dans cet exemple, à utiliser 3 cases au lieu d'une et à multiplier par 3 le temps nécessaire à l'apprentissage de la suite.
* Clareté des explications:
99% de la communication des chiens entre-eux et/ou avec le maître se base sur des postures (des mouvements corporels). Le chien est donc naturellement plus réceptif à une communication gestuelle, qu'à une communication sonore. Il faut donc profiter de cette capacité naturelle et associer les ordres verbaux à des gestes (de grande amplitude si
possible). Ce moyen simple et soft accélère grandement l'apprentissage.
* Dispositions du chien: Il faut distinguer dispositions physiques et "intellectuelles". Pour l'apprentissage de l'obéissance de base, seules les capacités intellectuelles nous intéressent, et je suppose qu'il est évidant pour tout le monde que l'éducation d'un Berger Allemand, d'un Berger Malinois ou d'un Border Collie est plus rapide et moins ardue que
celle d'un boxer, d'un Setter Irlandais ou d'un Husky (pourtant j'adore les boxer. En plus j'ai joué en concours 4b (P2 tout de même) pendant plusieurs années avec une femelle cabocharde à souhait).
* Motivation du chien: Cette motivation s'obtient par le renforcement positif. C'est ce renforcement qui va lui donner envie de bien faire. Plus le chien sera motivé, plus il fera bien et vite... Nous recommandons d'utiliser la voie (+ un hochement de tête) pour indiquer au chien que c'est bien (déjà évoqué sous le terme de marqueur de bon comportement).
Nous recommandons d'associer à ce signal la distribution de récompense(s) (caresse, jeux, friandise) (les fameux ‘renforceurs’ primaires et secondaires). Bref, du clicker training sans le clicker, comme chez oxy20, notez ces moyens sont décrits également dans la méthode traditionnelle.
* Une phase d'éducation:
A cette phase:
L'amplitude des gestes associés aux commandements est réduite. Les gestes finissent par être supprimés.
La complexité des exercices est augmentée (les D: distance, distraction, ...).
Le renforcement positif est conservé.
Les comportements non désirés sont maintenant corrigés. Avec certains chiens, l'absence de renforcement (l'ignorance) du comportement déviant suffit tout à fait (c'est quelle méthode ça ?), avec d'autres il est en effet nécessaire d'indiquer au chien, par un stimuli désagréable (ben oui, sorry) que sa réponse n'est pas celle attendue.
* Une phase de Travail:
Il s'agit de l'entraînement aux concours. Y a pas de secrets, mais venez voir plutôt. En gros, c'est ici que tout le travail fait pour inculquer le renforcement sert vraiment.
Comment s'appelle notre méthode?
Nous ne sommes pas plus catholiques que le pape, et pour obtenir un comportement, nous pensons que tout les moyens sont bons pour autant qu'ils respectent le chien, le maître et qu'ils leurs soient adaptés:
* On guide le chien, de manière à lui apprendre le comportement désiré (de la main, du geste, avec une friandise, à la laisse, avec un artifice, ...). Cette aide doit toujours être la plus légère possible et ne doit causer aucun traumatisme au chien (et pan, les grands mots). Bref il faut rester le plus soft possible, mais ça dépend du chien, du conducteur et de
la situation. Il n'existe pas, selon nous de règle universelle.
* On est parfois aussi opportuniste, et l'on profite que le chien adopte seul le comportement, pour lui répéter l'ordre associé en le renforçant.
* On utilise aussi parfois l'instinct de meute, et le mimétisme.
HAHAAAAA! vous voulez des exemples, OK...
- renforcer la confiance de chiens anxieux, en les entraînant en présence de chiens sûr d'eux et très sociables.
- démarrer un rapport d'objet en jouant sur la jalousie.
- travailler la vitesse sur les rappels
- initiation aux obstacles
-, ...).
* On recommande l'un ou l'autre collier selon le cas. Nous utilisons donc du collier non étrangleur, des étrangleurs en cuir, chaîne voir dans certains cas un "collier à pique" (Aïe...). En fait tout est question de contrôle du chien. Il est impossible pour une jeune fille de 18ans (45 KG) de retenir, guider, et contrôler un chien de 65KG (80 Cm. au garrot)
adulte, sans éducation et dominant, juste avec un clicker. Il ne faut pas non plus oublier qu'il y a également un problème de sécurité vis à vis des autres participants aux cours et que le moniteur n'est pas là pour se faire bouffer en cas de problème. Fadas et équipes de concours mises à part, tous les chiens participants aux cours de dressage ne sont pas des chiots ou de tendres agneaux sociables, sinon pourquoi viendraient ils?
En clair, chez nous on utilise un peu de "Traditionnel", un peu de "Naturel", beaucoup de renforcement positif & des colliers de tous types.
Tout ça de la manière la plus progressive possible dans l'apprentissage des exercices et de leurs différents degrés de complexité. Parce que malgré ce que disent certains utopistes il n'y a pas de méthode parfaite.
Il faut connaître les différentes méthode, et en extraire se qui peut servir, au moment ou cela doit servir parce que même si nous, nous avons le temps, les conducteurs eux, veulent des résultats. Ils payent leurs cours et se déplacent. Ils "perdent" une soirée de semaine, ou la grâce-matinée du dimanche matin. Ils investissent de temps, de l'argent et de l'énergie dans l'éducation de leur chien. Pour notre amour propre, notre réputation, leur satisfaction et notre devoir de résultat, le chien doit évoluer.
Il en est de même dans tous les clubs et pour tous les éducateurs privés et selon-moi, dire le contraire serait mentir.
Enfin, j'ai apprécié l'exposé complet que Robert a fait sur la méthode traditionnelle.
De même, j'ai été intéressé par celui sur le clicker training.
Pourtant, si je peux me permettre une remarque, le premier explique bien la méthode d'apprentissage des exercices alors que le second, présenté comme la solution, se borne à expliquer le renforcement d'un comportement acquis. Comment fait on, dans cette méthode pour établir la communication et le chien comprenne ce que veux dire assis, couché, au
pied, saute, ... on clique, on récompense et ça vient tout seul ?
A+